27 mai 2025

Système de santé : les propositions structurantes du Think Tank Économie Santé

Système de santé : les propositions structurantes du Think Tank Économie Santé

Face à une dégradation persistante du système de santé français, le Think Tank Économie Santé a dévoilé le 19 mai dernier ses recommandations 2025 pour réformer en profondeur.

À travers un constat lucide et sans concession, ce collectif d'experts plaide pour un véritable changement de paradigme autour de quatre axes interdépendants : prévention, organisation territoriale, pertinence des soins et financement. Un appel à une réforme ambitieuse mais pragmatique, à destination des dirigeants et décideurs en santé.

Prévention : de la parole aux actes

La prévention en santé, unanimement reconnue comme cruciale, reste pourtant marginale dans la réalité des politiques publiques. Le Think Tank dénonce l’inefficacité structurelle d’un dispositif morcelé, sans pilotage clair ni évaluation systémique. L’enjeu est d’importance : seules des actions préventives robustes peuvent enrayer la hausse continue des maladies chroniques et améliorer l’espérance de vie en bonne santé, aujourd’hui inférieure à 65 ans en France, loin derrière des pays comme la Suède.

L’organisation d’une Convention citoyenne dédiée à la prévention en santé est l’une des propositions phares du rapport. L’objectif : mobiliser l’opinion publique, renforcer la pression sur les décideurs et favoriser un changement culturel. Le Think Tank insiste sur la responsabilité des collectivités locales, plus à même d'agir sur les déterminants sociaux de la santé, et propose une approche fondée sur le retour sur investissement des actions de prévention, à l'image du modèle britannique.

Organisation territoriale : faire enfin vivre les synergies

Malgré des lois successives et la création d’outils comme les ARS, les GHT ou les CPTS, la territorialisation des soins reste inachevée. L’organisation territoriale se heurte encore trop souvent à des logiques de concurrence entre acteurs – hôpital/ville, public/privé – qui nuisent à la coopération. Le Think Tank appelle à une refonte profonde des relations entre professionnels, avec pour horizon une responsabilité populationnelle partagée.

Le rapport suggère la création de véritables coalitions territoriales d’acteurs de santé, appuyées par des diagnostics territoriaux transparents, des plans d’action contractualisés, et un rôle renforcé des ARS. Il prône également l’adaptation du code de déontologie pour inscrire cette responsabilité collective dans les obligations professionnelles, suivant l'exemple du Québec.

Pertinence des soins : en finir avec le gaspillage

Environ 20 % des dépenses de santé seraient liées à des soins non pertinents, soit près de 50 milliards d’euros par an. Ce gaspillage ne peut plus être ignoré. Le Think Tank appelle à responsabiliser les professionnels, en renforçant leur formation continue, en développant des registres partagés, et en revalorisant les rémunérations forfaitaires qui favorisent la qualité plutôt que la quantité des actes.

Des dispositifs sont en place dans la nouvelle convention médicale 2025 pour inciter à la pertinence : groupes d'amélioration des pratiques, objectifs chiffrés, partage des économies réalisées. Mais leur efficacité reste conditionnée à l’engagement réel des soignants et à une simplification des mécanismes. Une « task force » nationale sur la pertinence des soins est également proposée pour piloter et harmoniser ces efforts.

Financement : sortir de la logique du rabot

Enfin, le Think Tank dénonce les logiques budgétaires de court terme qui plombent le financement de la santé. Le déficit chronique de l’Assurance maladie (15,4 milliards en 2025, en aggravation) rend illusoires les réponses ponctuelles. Plutôt que des coups de rabot budgétaires, il faut selon les auteurs un financement fondé sur les résultats en santé de la population, intégrant les dimensions sociales, territoriales et de qualité des soins.

Le rapport plaide pour une réforme structurelle du mode de financement, qui privilégie les actions efficaces et équitables. La mise en œuvre de budgets de santé territoriaux, contractualisés avec les acteurs locaux sur la base d’objectifs partagés et mesurables, pourrait redonner des marges de manœuvre à un système étouffé.

A travers ses recommandations, le Think Tank Économie Santé ne prétend pas tout révolutionner, mais propose un cap clair. Elle s’appuie sur des expériences réussies en France et à l’étranger, et met l’accent sur la responsabilisation de tous les acteurs : professionnels, décideurs, citoyens. Face à un système à bout de souffle, il appelle à dépasser les discours convenus et à enclencher des dynamiques locales, pragmatiques et audacieuses.

Pour consulter le rapport, c’est par ici >

Rémy Teston

Système de santé : les propositions structurantes du Think Tank Économie Santé

Face à une dégradation persistante du système de santé français, le Think Tank Économie Santé a dévoilé le 19 mai dernier ses recommandations 2025 pour réformer en profondeur.

À travers un constat lucide et sans concession, ce collectif d'experts plaide pour un véritable changement de paradigme autour de quatre axes interdépendants : prévention, organisation territoriale, pertinence des soins et financement. Un appel à une réforme ambitieuse mais pragmatique, à destination des dirigeants et décideurs en santé.

Prévention : de la parole aux actes

La prévention en santé, unanimement reconnue comme cruciale, reste pourtant marginale dans la réalité des politiques publiques. Le Think Tank dénonce l’inefficacité structurelle d’un dispositif morcelé, sans pilotage clair ni évaluation systémique. L’enjeu est d’importance : seules des actions préventives robustes peuvent enrayer la hausse continue des maladies chroniques et améliorer l’espérance de vie en bonne santé, aujourd’hui inférieure à 65 ans en France, loin derrière des pays comme la Suède.

L’organisation d’une Convention citoyenne dédiée à la prévention en santé est l’une des propositions phares du rapport. L’objectif : mobiliser l’opinion publique, renforcer la pression sur les décideurs et favoriser un changement culturel. Le Think Tank insiste sur la responsabilité des collectivités locales, plus à même d'agir sur les déterminants sociaux de la santé, et propose une approche fondée sur le retour sur investissement des actions de prévention, à l'image du modèle britannique.

Organisation territoriale : faire enfin vivre les synergies

Malgré des lois successives et la création d’outils comme les ARS, les GHT ou les CPTS, la territorialisation des soins reste inachevée. L’organisation territoriale se heurte encore trop souvent à des logiques de concurrence entre acteurs – hôpital/ville, public/privé – qui nuisent à la coopération. Le Think Tank appelle à une refonte profonde des relations entre professionnels, avec pour horizon une responsabilité populationnelle partagée.

Le rapport suggère la création de véritables coalitions territoriales d’acteurs de santé, appuyées par des diagnostics territoriaux transparents, des plans d’action contractualisés, et un rôle renforcé des ARS. Il prône également l’adaptation du code de déontologie pour inscrire cette responsabilité collective dans les obligations professionnelles, suivant l'exemple du Québec.

Pertinence des soins : en finir avec le gaspillage

Environ 20 % des dépenses de santé seraient liées à des soins non pertinents, soit près de 50 milliards d’euros par an. Ce gaspillage ne peut plus être ignoré. Le Think Tank appelle à responsabiliser les professionnels, en renforçant leur formation continue, en développant des registres partagés, et en revalorisant les rémunérations forfaitaires qui favorisent la qualité plutôt que la quantité des actes.

Des dispositifs sont en place dans la nouvelle convention médicale 2025 pour inciter à la pertinence : groupes d'amélioration des pratiques, objectifs chiffrés, partage des économies réalisées. Mais leur efficacité reste conditionnée à l’engagement réel des soignants et à une simplification des mécanismes. Une « task force » nationale sur la pertinence des soins est également proposée pour piloter et harmoniser ces efforts.

Financement : sortir de la logique du rabot

Enfin, le Think Tank dénonce les logiques budgétaires de court terme qui plombent le financement de la santé. Le déficit chronique de l’Assurance maladie (15,4 milliards en 2025, en aggravation) rend illusoires les réponses ponctuelles. Plutôt que des coups de rabot budgétaires, il faut selon les auteurs un financement fondé sur les résultats en santé de la population, intégrant les dimensions sociales, territoriales et de qualité des soins.

Le rapport plaide pour une réforme structurelle du mode de financement, qui privilégie les actions efficaces et équitables. La mise en œuvre de budgets de santé territoriaux, contractualisés avec les acteurs locaux sur la base d’objectifs partagés et mesurables, pourrait redonner des marges de manœuvre à un système étouffé.

A travers ses recommandations, le Think Tank Économie Santé ne prétend pas tout révolutionner, mais propose un cap clair. Elle s’appuie sur des expériences réussies en France et à l’étranger, et met l’accent sur la responsabilisation de tous les acteurs : professionnels, décideurs, citoyens. Face à un système à bout de souffle, il appelle à dépasser les discours convenus et à enclencher des dynamiques locales, pragmatiques et audacieuses.

Pour consulter le rapport, c’est par ici >

Rémy Teston

27 mai 2025

Système de santé : les propositions structurantes du Think Tank Économie Santé

Système de santé : les propositions structurantes du Think Tank Économie Santé

Face à une dégradation persistante du système de santé français, le Think Tank Économie Santé a dévoilé le 19 mai dernier ses recommandations 2025 pour réformer en profondeur.

À travers un constat lucide et sans concession, ce collectif d'experts plaide pour un véritable changement de paradigme autour de quatre axes interdépendants : prévention, organisation territoriale, pertinence des soins et financement. Un appel à une réforme ambitieuse mais pragmatique, à destination des dirigeants et décideurs en santé.

Prévention : de la parole aux actes

La prévention en santé, unanimement reconnue comme cruciale, reste pourtant marginale dans la réalité des politiques publiques. Le Think Tank dénonce l’inefficacité structurelle d’un dispositif morcelé, sans pilotage clair ni évaluation systémique. L’enjeu est d’importance : seules des actions préventives robustes peuvent enrayer la hausse continue des maladies chroniques et améliorer l’espérance de vie en bonne santé, aujourd’hui inférieure à 65 ans en France, loin derrière des pays comme la Suède.

L’organisation d’une Convention citoyenne dédiée à la prévention en santé est l’une des propositions phares du rapport. L’objectif : mobiliser l’opinion publique, renforcer la pression sur les décideurs et favoriser un changement culturel. Le Think Tank insiste sur la responsabilité des collectivités locales, plus à même d'agir sur les déterminants sociaux de la santé, et propose une approche fondée sur le retour sur investissement des actions de prévention, à l'image du modèle britannique.

Organisation territoriale : faire enfin vivre les synergies

Malgré des lois successives et la création d’outils comme les ARS, les GHT ou les CPTS, la territorialisation des soins reste inachevée. L’organisation territoriale se heurte encore trop souvent à des logiques de concurrence entre acteurs – hôpital/ville, public/privé – qui nuisent à la coopération. Le Think Tank appelle à une refonte profonde des relations entre professionnels, avec pour horizon une responsabilité populationnelle partagée.

Le rapport suggère la création de véritables coalitions territoriales d’acteurs de santé, appuyées par des diagnostics territoriaux transparents, des plans d’action contractualisés, et un rôle renforcé des ARS. Il prône également l’adaptation du code de déontologie pour inscrire cette responsabilité collective dans les obligations professionnelles, suivant l'exemple du Québec.

Pertinence des soins : en finir avec le gaspillage

Environ 20 % des dépenses de santé seraient liées à des soins non pertinents, soit près de 50 milliards d’euros par an. Ce gaspillage ne peut plus être ignoré. Le Think Tank appelle à responsabiliser les professionnels, en renforçant leur formation continue, en développant des registres partagés, et en revalorisant les rémunérations forfaitaires qui favorisent la qualité plutôt que la quantité des actes.

Des dispositifs sont en place dans la nouvelle convention médicale 2025 pour inciter à la pertinence : groupes d'amélioration des pratiques, objectifs chiffrés, partage des économies réalisées. Mais leur efficacité reste conditionnée à l’engagement réel des soignants et à une simplification des mécanismes. Une « task force » nationale sur la pertinence des soins est également proposée pour piloter et harmoniser ces efforts.

Financement : sortir de la logique du rabot

Enfin, le Think Tank dénonce les logiques budgétaires de court terme qui plombent le financement de la santé. Le déficit chronique de l’Assurance maladie (15,4 milliards en 2025, en aggravation) rend illusoires les réponses ponctuelles. Plutôt que des coups de rabot budgétaires, il faut selon les auteurs un financement fondé sur les résultats en santé de la population, intégrant les dimensions sociales, territoriales et de qualité des soins.

Le rapport plaide pour une réforme structurelle du mode de financement, qui privilégie les actions efficaces et équitables. La mise en œuvre de budgets de santé territoriaux, contractualisés avec les acteurs locaux sur la base d’objectifs partagés et mesurables, pourrait redonner des marges de manœuvre à un système étouffé.

A travers ses recommandations, le Think Tank Économie Santé ne prétend pas tout révolutionner, mais propose un cap clair. Elle s’appuie sur des expériences réussies en France et à l’étranger, et met l’accent sur la responsabilisation de tous les acteurs : professionnels, décideurs, citoyens. Face à un système à bout de souffle, il appelle à dépasser les discours convenus et à enclencher des dynamiques locales, pragmatiques et audacieuses.

Pour consulter le rapport, c’est par ici >

Rémy Teston