18 février 2025

Prévention moderne et apports des nouvelles technologies - Fabrice Denis

Prévention moderne et apports des nouvelles technologies - Fabrice Denis

Expert reconnu du numérique santé, le Professeur Fabrice Denis décrypte en exclusivité pour l'Amphi l'apports des nouvelles technologies dans la prévention moderne.

Un alignement d’étoiles scientifiques et médicales est en cours dans le domaine de prévention. En effet, la prévention moderne, s’enrichie par les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, l’imagerie, et la génétique et marque une révolution dans la santé publique. Environ 40% des cancers, 52 % des maladies cardiovasculaires et 75 % des diabètes de type 2 pourraient être évitées par des mesures de prévention.  Des avancées majeures sont maintenant disponibles pour évaluer un état de santé de façon plus objective à savoir :

  • l’épigénétique, qui permet de moduler l’expression de près de 50% des gènes par le mode de vie et permet un calcul de l’âge biologique qui mesure la méthylation de l’ADN reflet plus objectif du vieillissement cellulaire et du rythme de vieillissement,

  • la génomique actionnable qui permet d’évaluer des mutations prédisposant à des pathologies cardiaques et cancéreuses évitables,

  • la pharmacogénétique qui cartographie le fonctionnement de plus de 25 cytochromes hépatiques pour connaitre le comportement et le dosage optimal de centaines de médicaments pour en réduire l’inefficacité et la toxicité…

  • l’âge métabolique, issu de la composition corporelle totale et segmentaire permettant de guider les mesures d’activité physique adaptée pour réduire la graisse viscérale facteur de risque de nombreux dysfonctionnements métaboliques, et augmentée la masse musculaire pour les réduire

  • l’âge phénotypique, reflet des impacts du mode de vie sur les risques de cancer, de maladies cardiovasculaires et métaboliques

  • les âges vasculaires (score calcique coronarien, rigidité vasculaire…)

  • l’imagerie qui permet de dépister nombre de pathologies tumorales à des stades précoces et de meilleur pronostic

  • le développement de thérapies ciblées sur les dysfonctionnements cellulaires liés au vieillissement (inflammation, réduction de l’autophagie, fonte télomérique, dysfonction mitochondriale…)

  • la biologie moléculaire qui permet une analyse fine de l’évolution des cellules sénescentes pour adapter précocement les modalités des thérapies dites sénolytiques.

Il faut aussi compter sur les apports du protéome, du transcriptome, du métabolome qui permettent une analyse du vieillissement organe par organe…

Il devient désormais possible de mesurer l'âge objectif, distinct de l'âge chronologique, pour évaluer précisément la santé d’un individu, personnaliser les mesures de prévention et les bénéfices attendus, et évaluer objectivement l’efficacité des mesures de prévention en quelques semaines pour ajuster précocement les stratégies.

En combinant les thérapies non médicamenteuses (comme la nutrition personnalisée et l'activité physique adaptée) et géroprotectrices, des gains allant jusqu’à 25 années de vie sont envisageables car nombre d’anomalies observées sont réversibles longtemps.

La médecine préventive devient donc enfin proactive et individualisée pour aboutir à une longévité maximale en meilleure santé.

Pr Fabrice Denis, MD, PhD

Directeur de l’Institut ASTRIUM de recherche et de prévention ASTRIUM, Le Mans