12 septembre 2025

Start-ups françaises : une croissance sous tension dans un univers incertain

Start-ups françaises : une croissance sous tension dans un univers incertain

France Digitale et EY ont publié un baromètre qui effectue une photographie saisissante de l’état de santé de l’écosystème start‐up en France. Si la dynamique reste globalement positive, plusieurs signaux indiquent que la croissance ne va pas sans obstacles qui pourraient limiter le potentiel d’innovation et mettre à l’épreuve la compétitivité future du pays, notamment dans le domaine de la santé.

Le Baromètre 2025 publié conjointement par France Digitale et EY dresse un bilan contrasté de la performance économique et sociale des start-ups, des fonds de capital-risque et des structures d’accompagnement, en France. Alors que l’innovation et la création d’entreprise continuent de porter l’écosystème, plusieurs signaux montrent que la trajectoire ascendante pourrait être freinée par les chocs économiques, les incertitudes politiques et géopolitiques.

Le paysage 2025 : croissance, emplois, mais refroidissement

En 2025, l’écosystème compte environ 16 200 start-ups, soit 1 200 de plus que l’an dernier. Cette progression traduit un solde net positif entre créations et fermetures. Toutefois, ce gain reste modeste comparé à l’année précédente où plus de 3 500 start-ups avaient été créées en net.

Sur le plan de l’emploi, les start-ups françaises génèrent quelque 1,45 million de postes, dont environ 500 000 emplois internes, marquant une croissance de +11,5 % sur un an. Ce taux est significatif mais ralenti, par rapport aux années fortes précédentes.

Le chiffre d’affaires consolidé à l’échelle mondiale (des start-ups sondées) progresse d’environ 16 %, tiré par les marchés internationaux, particulièrement européens, dont beaucoup de start-ups attendent plus de visibilité et de stabilité pour investir à long terme.

Financement : les jeunes structures en première ligne

Le financement reste le point le plus fragile de ce tableau. Au premier semestre 2025, les start-ups françaises ont levé ~2,8 milliards d’euros, soit une baisse de 35 % en valeur et de 24 % en nombre de deals par rapport à la même période en 2024.

Les stades seed et séries A paraissent particulièrement vulnérables, les investisseurs exigeant davantage de maturité, de résultats, de visibilité. Alors que les start-ups de stade plus avancé peuvent se tourner vers d’autres formes de financement (dette, partenariats, consolidation), plus solides et plus rentables, elles aussi subissent les effets de l’instabilité.

Structures d’accompagnement : un maillon exposé

Cette édition du baromètre innove en intégrant les structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs, etc.), ce qui permet de mesurer un autre pilier de l’écosystème. Près de 33 % des ressources de ces structures proviennent de financements publics.

Cette dépendance les rend sensibles aux arbitrages budgétaires, aux modifications réglementaires ou aux retards dans le versement des aides, autant de facteurs susceptibles de déstabiliser leur capacité à soutenir les start-ups, en particulier dans leurs premiers stades.

Instabilité perceptible : politique, réglementation, géopolitique

Face à la conjoncture actuelle, beaucoup d’acteurs jugent que le contexte politique, économique et géopolitique présente un risque élevé pour les douze prochains mois. Les incertitudes entourent les finances publiques, les lois de finances à venir, la régulation, mais aussi les perturbations globales (coûts de l’énergie, chaînes d’approvisionnement, compétitivité internationale). Ces incertitudes pèsent particulièrement sur les start-ups santé, deep tech ou biotech, qui demandent souvent des investissements longs, des processus de validation, etc.

Enjeux spécifiques pour le secteur de la santé

Les start-ups actives dans les domaines de la santé, de la biotechnologie, de la medtech ou de la e-santé sont doublement exposées aux dynamiques décrites ci-dessus. Elles doivent composer avec :

  • des besoins de financement souvent substantiels pour la R&D, les essais cliniques, la certification réglementaire, ce qui rend la baisse des levées de fonds particulièrement critique ;

  • un délais de mise sur le marché plus longs, ce qui rend l’horizon de rentabilité plus incertain, et donc le risque perçu plus élevé pour les investisseurs ;

  • une dépendance plus forte aux subventions publiques, aux réglementations nationales et européennes, et donc à la stabilité institutionnelle. Tout changement législatif ou réglementaire peut avoir des conséquences fortes sur les plans d’affaires.

  • l’importance de l’emploi spécialisé (chercheurs, experts réglementaires, data scientists, etc.), qui peut être difficile à recruter ou retenir sous des contraintes de coût ou dans un contexte d’inflation et de montée des coûts opérationnels.

Pour autant, ce baromètre met aussi en lumière des leviers sur lesquels le secteur santé peut s’appuyer :

  • l’internationalisation des start-ups françaises, qui peut diversifier les risques, offrir des débouchés nouveaux, et amortir les effets des fluctuations nationales.

  • les architectures financements hybrides : combiner capital-risque, dettes, partenariats publics-privés, aides européennes, etc.

  • renforcer le rôle des structures d’accompagnement spécialisées santé/medtech, qui peuvent aider à naviguer la complexité réglementaire, l’accès aux marchés publics, la propriété intellectuelle, etc.

  • encourager une plus grande visibilité des performances extra-financières (impact social, inclusion, diversité, santé des femmes…) comme facteur de confiance supplémentaire pour les investisseurs et les autorités.

Les données du Baromètre FD x EY 2025 rappellent que l’écosystème des start-ups françaises est encore riche en potentiel, en dynamisme et en capacité à créer de l’emploi. Toutefois, la croissance ne doit pas être confondue avec l’aisance : le ralentissement des levées de fonds, les incertitudes extérieures et les dépendances structurelles dessinent un horizon où le risque d’essoufflement est réel, si rien n’est fait.

Pour le secteur de la santé, cela signifie qu’il est urgent de construire des ponts durables entre innovation, financement, régulation et responsabilité. Les pouvoir publics, les financeurs privés, les organismes de recherche, les incubateurs spécialisés et les acteurs hospitaliers doivent coordonner leurs efforts pour garantir que les innovations utiles aux patientes et patients ne restent pas à l’état de potentiel, mais puissent être portées jusqu’à l’impact.

Rémy Teston

Pour consulter le baromètre France Digitale x EY , c'est par ici >


Start-ups françaises : une croissance sous tension dans un univers incertain

France Digitale et EY ont publié un baromètre qui effectue une photographie saisissante de l’état de santé de l’écosystème start‐up en France. Si la dynamique reste globalement positive, plusieurs signaux indiquent que la croissance ne va pas sans obstacles qui pourraient limiter le potentiel d’innovation et mettre à l’épreuve la compétitivité future du pays, notamment dans le domaine de la santé.

Le Baromètre 2025 publié conjointement par France Digitale et EY dresse un bilan contrasté de la performance économique et sociale des start-ups, des fonds de capital-risque et des structures d’accompagnement, en France. Alors que l’innovation et la création d’entreprise continuent de porter l’écosystème, plusieurs signaux montrent que la trajectoire ascendante pourrait être freinée par les chocs économiques, les incertitudes politiques et géopolitiques.

Le paysage 2025 : croissance, emplois, mais refroidissement

En 2025, l’écosystème compte environ 16 200 start-ups, soit 1 200 de plus que l’an dernier. Cette progression traduit un solde net positif entre créations et fermetures. Toutefois, ce gain reste modeste comparé à l’année précédente où plus de 3 500 start-ups avaient été créées en net.

Sur le plan de l’emploi, les start-ups françaises génèrent quelque 1,45 million de postes, dont environ 500 000 emplois internes, marquant une croissance de +11,5 % sur un an. Ce taux est significatif mais ralenti, par rapport aux années fortes précédentes.

Le chiffre d’affaires consolidé à l’échelle mondiale (des start-ups sondées) progresse d’environ 16 %, tiré par les marchés internationaux, particulièrement européens, dont beaucoup de start-ups attendent plus de visibilité et de stabilité pour investir à long terme.

Financement : les jeunes structures en première ligne

Le financement reste le point le plus fragile de ce tableau. Au premier semestre 2025, les start-ups françaises ont levé ~2,8 milliards d’euros, soit une baisse de 35 % en valeur et de 24 % en nombre de deals par rapport à la même période en 2024.

Les stades seed et séries A paraissent particulièrement vulnérables, les investisseurs exigeant davantage de maturité, de résultats, de visibilité. Alors que les start-ups de stade plus avancé peuvent se tourner vers d’autres formes de financement (dette, partenariats, consolidation), plus solides et plus rentables, elles aussi subissent les effets de l’instabilité.

Structures d’accompagnement : un maillon exposé

Cette édition du baromètre innove en intégrant les structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs, etc.), ce qui permet de mesurer un autre pilier de l’écosystème. Près de 33 % des ressources de ces structures proviennent de financements publics.

Cette dépendance les rend sensibles aux arbitrages budgétaires, aux modifications réglementaires ou aux retards dans le versement des aides, autant de facteurs susceptibles de déstabiliser leur capacité à soutenir les start-ups, en particulier dans leurs premiers stades.

Instabilité perceptible : politique, réglementation, géopolitique

Face à la conjoncture actuelle, beaucoup d’acteurs jugent que le contexte politique, économique et géopolitique présente un risque élevé pour les douze prochains mois. Les incertitudes entourent les finances publiques, les lois de finances à venir, la régulation, mais aussi les perturbations globales (coûts de l’énergie, chaînes d’approvisionnement, compétitivité internationale). Ces incertitudes pèsent particulièrement sur les start-ups santé, deep tech ou biotech, qui demandent souvent des investissements longs, des processus de validation, etc.

Enjeux spécifiques pour le secteur de la santé

Les start-ups actives dans les domaines de la santé, de la biotechnologie, de la medtech ou de la e-santé sont doublement exposées aux dynamiques décrites ci-dessus. Elles doivent composer avec :

  • des besoins de financement souvent substantiels pour la R&D, les essais cliniques, la certification réglementaire, ce qui rend la baisse des levées de fonds particulièrement critique ;

  • un délais de mise sur le marché plus longs, ce qui rend l’horizon de rentabilité plus incertain, et donc le risque perçu plus élevé pour les investisseurs ;

  • une dépendance plus forte aux subventions publiques, aux réglementations nationales et européennes, et donc à la stabilité institutionnelle. Tout changement législatif ou réglementaire peut avoir des conséquences fortes sur les plans d’affaires.

  • l’importance de l’emploi spécialisé (chercheurs, experts réglementaires, data scientists, etc.), qui peut être difficile à recruter ou retenir sous des contraintes de coût ou dans un contexte d’inflation et de montée des coûts opérationnels.

Pour autant, ce baromètre met aussi en lumière des leviers sur lesquels le secteur santé peut s’appuyer :

  • l’internationalisation des start-ups françaises, qui peut diversifier les risques, offrir des débouchés nouveaux, et amortir les effets des fluctuations nationales.

  • les architectures financements hybrides : combiner capital-risque, dettes, partenariats publics-privés, aides européennes, etc.

  • renforcer le rôle des structures d’accompagnement spécialisées santé/medtech, qui peuvent aider à naviguer la complexité réglementaire, l’accès aux marchés publics, la propriété intellectuelle, etc.

  • encourager une plus grande visibilité des performances extra-financières (impact social, inclusion, diversité, santé des femmes…) comme facteur de confiance supplémentaire pour les investisseurs et les autorités.

Les données du Baromètre FD x EY 2025 rappellent que l’écosystème des start-ups françaises est encore riche en potentiel, en dynamisme et en capacité à créer de l’emploi. Toutefois, la croissance ne doit pas être confondue avec l’aisance : le ralentissement des levées de fonds, les incertitudes extérieures et les dépendances structurelles dessinent un horizon où le risque d’essoufflement est réel, si rien n’est fait.

Pour le secteur de la santé, cela signifie qu’il est urgent de construire des ponts durables entre innovation, financement, régulation et responsabilité. Les pouvoir publics, les financeurs privés, les organismes de recherche, les incubateurs spécialisés et les acteurs hospitaliers doivent coordonner leurs efforts pour garantir que les innovations utiles aux patientes et patients ne restent pas à l’état de potentiel, mais puissent être portées jusqu’à l’impact.

Rémy Teston

Pour consulter le baromètre France Digitale x EY , c'est par ici >


12 septembre 2025

Start-ups françaises : une croissance sous tension dans un univers incertain

Start-ups françaises : une croissance sous tension dans un univers incertain

France Digitale et EY ont publié un baromètre qui effectue une photographie saisissante de l’état de santé de l’écosystème start‐up en France. Si la dynamique reste globalement positive, plusieurs signaux indiquent que la croissance ne va pas sans obstacles qui pourraient limiter le potentiel d’innovation et mettre à l’épreuve la compétitivité future du pays, notamment dans le domaine de la santé.

Le Baromètre 2025 publié conjointement par France Digitale et EY dresse un bilan contrasté de la performance économique et sociale des start-ups, des fonds de capital-risque et des structures d’accompagnement, en France. Alors que l’innovation et la création d’entreprise continuent de porter l’écosystème, plusieurs signaux montrent que la trajectoire ascendante pourrait être freinée par les chocs économiques, les incertitudes politiques et géopolitiques.

Le paysage 2025 : croissance, emplois, mais refroidissement

En 2025, l’écosystème compte environ 16 200 start-ups, soit 1 200 de plus que l’an dernier. Cette progression traduit un solde net positif entre créations et fermetures. Toutefois, ce gain reste modeste comparé à l’année précédente où plus de 3 500 start-ups avaient été créées en net.

Sur le plan de l’emploi, les start-ups françaises génèrent quelque 1,45 million de postes, dont environ 500 000 emplois internes, marquant une croissance de +11,5 % sur un an. Ce taux est significatif mais ralenti, par rapport aux années fortes précédentes.

Le chiffre d’affaires consolidé à l’échelle mondiale (des start-ups sondées) progresse d’environ 16 %, tiré par les marchés internationaux, particulièrement européens, dont beaucoup de start-ups attendent plus de visibilité et de stabilité pour investir à long terme.

Financement : les jeunes structures en première ligne

Le financement reste le point le plus fragile de ce tableau. Au premier semestre 2025, les start-ups françaises ont levé ~2,8 milliards d’euros, soit une baisse de 35 % en valeur et de 24 % en nombre de deals par rapport à la même période en 2024.

Les stades seed et séries A paraissent particulièrement vulnérables, les investisseurs exigeant davantage de maturité, de résultats, de visibilité. Alors que les start-ups de stade plus avancé peuvent se tourner vers d’autres formes de financement (dette, partenariats, consolidation), plus solides et plus rentables, elles aussi subissent les effets de l’instabilité.

Structures d’accompagnement : un maillon exposé

Cette édition du baromètre innove en intégrant les structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs, etc.), ce qui permet de mesurer un autre pilier de l’écosystème. Près de 33 % des ressources de ces structures proviennent de financements publics.

Cette dépendance les rend sensibles aux arbitrages budgétaires, aux modifications réglementaires ou aux retards dans le versement des aides, autant de facteurs susceptibles de déstabiliser leur capacité à soutenir les start-ups, en particulier dans leurs premiers stades.

Instabilité perceptible : politique, réglementation, géopolitique

Face à la conjoncture actuelle, beaucoup d’acteurs jugent que le contexte politique, économique et géopolitique présente un risque élevé pour les douze prochains mois. Les incertitudes entourent les finances publiques, les lois de finances à venir, la régulation, mais aussi les perturbations globales (coûts de l’énergie, chaînes d’approvisionnement, compétitivité internationale). Ces incertitudes pèsent particulièrement sur les start-ups santé, deep tech ou biotech, qui demandent souvent des investissements longs, des processus de validation, etc.

Enjeux spécifiques pour le secteur de la santé

Les start-ups actives dans les domaines de la santé, de la biotechnologie, de la medtech ou de la e-santé sont doublement exposées aux dynamiques décrites ci-dessus. Elles doivent composer avec :

  • des besoins de financement souvent substantiels pour la R&D, les essais cliniques, la certification réglementaire, ce qui rend la baisse des levées de fonds particulièrement critique ;

  • un délais de mise sur le marché plus longs, ce qui rend l’horizon de rentabilité plus incertain, et donc le risque perçu plus élevé pour les investisseurs ;

  • une dépendance plus forte aux subventions publiques, aux réglementations nationales et européennes, et donc à la stabilité institutionnelle. Tout changement législatif ou réglementaire peut avoir des conséquences fortes sur les plans d’affaires.

  • l’importance de l’emploi spécialisé (chercheurs, experts réglementaires, data scientists, etc.), qui peut être difficile à recruter ou retenir sous des contraintes de coût ou dans un contexte d’inflation et de montée des coûts opérationnels.

Pour autant, ce baromètre met aussi en lumière des leviers sur lesquels le secteur santé peut s’appuyer :

  • l’internationalisation des start-ups françaises, qui peut diversifier les risques, offrir des débouchés nouveaux, et amortir les effets des fluctuations nationales.

  • les architectures financements hybrides : combiner capital-risque, dettes, partenariats publics-privés, aides européennes, etc.

  • renforcer le rôle des structures d’accompagnement spécialisées santé/medtech, qui peuvent aider à naviguer la complexité réglementaire, l’accès aux marchés publics, la propriété intellectuelle, etc.

  • encourager une plus grande visibilité des performances extra-financières (impact social, inclusion, diversité, santé des femmes…) comme facteur de confiance supplémentaire pour les investisseurs et les autorités.

Les données du Baromètre FD x EY 2025 rappellent que l’écosystème des start-ups françaises est encore riche en potentiel, en dynamisme et en capacité à créer de l’emploi. Toutefois, la croissance ne doit pas être confondue avec l’aisance : le ralentissement des levées de fonds, les incertitudes extérieures et les dépendances structurelles dessinent un horizon où le risque d’essoufflement est réel, si rien n’est fait.

Pour le secteur de la santé, cela signifie qu’il est urgent de construire des ponts durables entre innovation, financement, régulation et responsabilité. Les pouvoir publics, les financeurs privés, les organismes de recherche, les incubateurs spécialisés et les acteurs hospitaliers doivent coordonner leurs efforts pour garantir que les innovations utiles aux patientes et patients ne restent pas à l’état de potentiel, mais puissent être portées jusqu’à l’impact.

Rémy Teston

Pour consulter le baromètre France Digitale x EY , c'est par ici >