18 novembre 2025
Aides à l’installation des médecins libéraux : la Cour des comptes appelle à un recentrage stratégique

Aides à l’installation des médecins libéraux : la Cour des comptes appelle à un recentrage stratégique
La Cour des comptes vient de publier une analyse approfondie des aides à l’installation des médecins libéraux, un dispositif devenu au fil des années foisonnant, coûteux et insuffisamment efficace pour répondre au défi majeur des déserts médicaux. Décryptage.
À l’heure où l’accès aux soins constitue l’une des préoccupations les plus vives des Français, ce rapport de la Cour des comptes invite les décideurs publics et les acteurs de terrain à repenser en profondeur leur stratégie d’attractivité médicale.
Depuis 2016, l’État, l’Assurance maladie et les collectivités territoriales ont multiplié les dispositifs d’incitation financière dans l’espoir d’enrayer la chute de la démographie médicale dans les territoires sous-dotés. En 2023, ces aides ont représenté environ 205 millions d’euros et ont bénéficié à près de 17 000 médecins et étudiants en médecine. Pourtant, leur impact réel demeure limité. La Cour le souligne sans détour : ce n’est pas l’incitation financière qui détermine majoritairement l’installation d’un médecin, mais la qualité de l’environnement professionnel, la dynamique territoriale, la présence d’un exercice coordonné et la possibilité pour les conjoints de travailler sur place.
Le constat est clair : les aides existantes souffrent d’un manque de lisibilité et d’une faible cohérence. Une quinzaine de dispositifs coexistent aujourd’hui, mêlant aides sanitaires, exonérations fiscales et initiatives locales. Certaines zones ouvrent droit à des aides économiques sans lien avec les besoins de santé de la population. Le résultat est paradoxal : les médecins les mieux informés captent la majorité des avantages, tandis que les territoires les plus en tension ne bénéficient pas forcément des installations attendues. De surcroît, près de 60 % des aides fiscales sont concentrées sur 3 000 praticiens seulement, un niveau d’inefficience qui interroge.
L’analyse territoriale approfondie menée en Centre-Val de Loire illustre les dérives possibles : multiplication des aides locales, absence de coordination entre financeurs, effets de frontière entre zonages, perception suboptimale des besoins réels. Pour la Cour des comptes, l’enjeu n’est plus seulement de financer l’installation, mais d’aligner les interventions sur une stratégie collective, structurée autour des besoins des populations.
L’un des enseignements majeurs du rapport est la nécessité de relier les aides à la qualité des services rendus aux patients. Autrement dit : passer d’une logique d’attractivité à une logique de service. Les territoires doivent davantage considérer les indicateurs de santé (recours excessif aux urgences, ALD sans médecin traitant, taux de fuite vers d’autres départements, faiblesse des dépistages) pour cibler leurs actions. Ce changement de paradigme permettrait de sortir d’une approche strictement démographique pour s’orienter vers une action plus qualitative et plus efficace.
La Cour des comptes plaide également pour un renforcement de l’exercice coordonné. Les maisons de santé pluriprofessionnelles, largement documentées, montrent un impact réel sur l’installation durable des médecins. Les aides futures devraient donc prioritairement soutenir ces structures et les dynamiques collectives plutôt que les installations isolées dont l’efficacité reste marginale.
Le rapport ouvre aussi la voie à des orientations plus structurelles : diversification des profils étudiants recrutés en médecine pour favoriser l’installation en zones rurales, meilleure reconnaissance de la contribution des médecins étrangers, et accompagnement renforcé des praticiens souhaitant revenir à la médecine générale après une période d’interruption.
Enfin, la Cour des comptes recommande une réorganisation profonde du pilotage des aides à l’échelle départementale. Elle propose la création d’un schéma concerté associant État, Assurance maladie, ARS et collectivités territoriales, doté d’une base de données partagée et décliné en appels à manifestation d’intérêt pour attribuer les aides. Une approche plus stratégique, plus collaborative et mieux outillée pourrait transformer en profondeur l’attractivité médicale des territoires.
Pour les dirigeants en santé, ce rapport constitue un signal fort : la simple accumulation d’aides financières ne suffira plus à répondre à la crise de l’accès aux soins. La clé réside dans une stratégie territoriale articulée, fondée sur des données fiables, centrée sur les besoins réels des populations et structurée autour d’une vision collective de l’offre de soins.
Dans un contexte où les attentes citoyennes n’ont jamais été aussi fortes, cette refonte apparaît comme une étape incontournable pour rétablir l’équité territoriale et renforcer la résilience du système de santé. Les prochains mois, marqués par la réforme de 2026, seront décisifs pour transformer ces recommandations en leviers concrets d’action.
Pour consulter le rapport de la Cour des comptes, cliquez ici >
Rémy Teston
18 novembre 2025
Aides à l’installation des médecins libéraux : la Cour des comptes appelle à un recentrage stratégique


Aides à l’installation des médecins libéraux : la Cour des comptes appelle à un recentrage stratégique
La Cour des comptes vient de publier une analyse approfondie des aides à l’installation des médecins libéraux, un dispositif devenu au fil des années foisonnant, coûteux et insuffisamment efficace pour répondre au défi majeur des déserts médicaux. Décryptage.
À l’heure où l’accès aux soins constitue l’une des préoccupations les plus vives des Français, ce rapport de la Cour des comptes invite les décideurs publics et les acteurs de terrain à repenser en profondeur leur stratégie d’attractivité médicale.
Depuis 2016, l’État, l’Assurance maladie et les collectivités territoriales ont multiplié les dispositifs d’incitation financière dans l’espoir d’enrayer la chute de la démographie médicale dans les territoires sous-dotés. En 2023, ces aides ont représenté environ 205 millions d’euros et ont bénéficié à près de 17 000 médecins et étudiants en médecine. Pourtant, leur impact réel demeure limité. La Cour le souligne sans détour : ce n’est pas l’incitation financière qui détermine majoritairement l’installation d’un médecin, mais la qualité de l’environnement professionnel, la dynamique territoriale, la présence d’un exercice coordonné et la possibilité pour les conjoints de travailler sur place.
Le constat est clair : les aides existantes souffrent d’un manque de lisibilité et d’une faible cohérence. Une quinzaine de dispositifs coexistent aujourd’hui, mêlant aides sanitaires, exonérations fiscales et initiatives locales. Certaines zones ouvrent droit à des aides économiques sans lien avec les besoins de santé de la population. Le résultat est paradoxal : les médecins les mieux informés captent la majorité des avantages, tandis que les territoires les plus en tension ne bénéficient pas forcément des installations attendues. De surcroît, près de 60 % des aides fiscales sont concentrées sur 3 000 praticiens seulement, un niveau d’inefficience qui interroge.
L’analyse territoriale approfondie menée en Centre-Val de Loire illustre les dérives possibles : multiplication des aides locales, absence de coordination entre financeurs, effets de frontière entre zonages, perception suboptimale des besoins réels. Pour la Cour des comptes, l’enjeu n’est plus seulement de financer l’installation, mais d’aligner les interventions sur une stratégie collective, structurée autour des besoins des populations.
L’un des enseignements majeurs du rapport est la nécessité de relier les aides à la qualité des services rendus aux patients. Autrement dit : passer d’une logique d’attractivité à une logique de service. Les territoires doivent davantage considérer les indicateurs de santé (recours excessif aux urgences, ALD sans médecin traitant, taux de fuite vers d’autres départements, faiblesse des dépistages) pour cibler leurs actions. Ce changement de paradigme permettrait de sortir d’une approche strictement démographique pour s’orienter vers une action plus qualitative et plus efficace.
La Cour des comptes plaide également pour un renforcement de l’exercice coordonné. Les maisons de santé pluriprofessionnelles, largement documentées, montrent un impact réel sur l’installation durable des médecins. Les aides futures devraient donc prioritairement soutenir ces structures et les dynamiques collectives plutôt que les installations isolées dont l’efficacité reste marginale.
Le rapport ouvre aussi la voie à des orientations plus structurelles : diversification des profils étudiants recrutés en médecine pour favoriser l’installation en zones rurales, meilleure reconnaissance de la contribution des médecins étrangers, et accompagnement renforcé des praticiens souhaitant revenir à la médecine générale après une période d’interruption.
Enfin, la Cour des comptes recommande une réorganisation profonde du pilotage des aides à l’échelle départementale. Elle propose la création d’un schéma concerté associant État, Assurance maladie, ARS et collectivités territoriales, doté d’une base de données partagée et décliné en appels à manifestation d’intérêt pour attribuer les aides. Une approche plus stratégique, plus collaborative et mieux outillée pourrait transformer en profondeur l’attractivité médicale des territoires.
Pour les dirigeants en santé, ce rapport constitue un signal fort : la simple accumulation d’aides financières ne suffira plus à répondre à la crise de l’accès aux soins. La clé réside dans une stratégie territoriale articulée, fondée sur des données fiables, centrée sur les besoins réels des populations et structurée autour d’une vision collective de l’offre de soins.
Dans un contexte où les attentes citoyennes n’ont jamais été aussi fortes, cette refonte apparaît comme une étape incontournable pour rétablir l’équité territoriale et renforcer la résilience du système de santé. Les prochains mois, marqués par la réforme de 2026, seront décisifs pour transformer ces recommandations en leviers concrets d’action.
Pour consulter le rapport de la Cour des comptes, cliquez ici >
Rémy Teston
18 novembre 2025
Aides à l’installation des médecins libéraux : la Cour des comptes appelle à un recentrage stratégique


Aides à l’installation des médecins libéraux : la Cour des comptes appelle à un recentrage stratégique
La Cour des comptes vient de publier une analyse approfondie des aides à l’installation des médecins libéraux, un dispositif devenu au fil des années foisonnant, coûteux et insuffisamment efficace pour répondre au défi majeur des déserts médicaux. Décryptage.
À l’heure où l’accès aux soins constitue l’une des préoccupations les plus vives des Français, ce rapport de la Cour des comptes invite les décideurs publics et les acteurs de terrain à repenser en profondeur leur stratégie d’attractivité médicale.
Depuis 2016, l’État, l’Assurance maladie et les collectivités territoriales ont multiplié les dispositifs d’incitation financière dans l’espoir d’enrayer la chute de la démographie médicale dans les territoires sous-dotés. En 2023, ces aides ont représenté environ 205 millions d’euros et ont bénéficié à près de 17 000 médecins et étudiants en médecine. Pourtant, leur impact réel demeure limité. La Cour le souligne sans détour : ce n’est pas l’incitation financière qui détermine majoritairement l’installation d’un médecin, mais la qualité de l’environnement professionnel, la dynamique territoriale, la présence d’un exercice coordonné et la possibilité pour les conjoints de travailler sur place.
Le constat est clair : les aides existantes souffrent d’un manque de lisibilité et d’une faible cohérence. Une quinzaine de dispositifs coexistent aujourd’hui, mêlant aides sanitaires, exonérations fiscales et initiatives locales. Certaines zones ouvrent droit à des aides économiques sans lien avec les besoins de santé de la population. Le résultat est paradoxal : les médecins les mieux informés captent la majorité des avantages, tandis que les territoires les plus en tension ne bénéficient pas forcément des installations attendues. De surcroît, près de 60 % des aides fiscales sont concentrées sur 3 000 praticiens seulement, un niveau d’inefficience qui interroge.
L’analyse territoriale approfondie menée en Centre-Val de Loire illustre les dérives possibles : multiplication des aides locales, absence de coordination entre financeurs, effets de frontière entre zonages, perception suboptimale des besoins réels. Pour la Cour des comptes, l’enjeu n’est plus seulement de financer l’installation, mais d’aligner les interventions sur une stratégie collective, structurée autour des besoins des populations.
L’un des enseignements majeurs du rapport est la nécessité de relier les aides à la qualité des services rendus aux patients. Autrement dit : passer d’une logique d’attractivité à une logique de service. Les territoires doivent davantage considérer les indicateurs de santé (recours excessif aux urgences, ALD sans médecin traitant, taux de fuite vers d’autres départements, faiblesse des dépistages) pour cibler leurs actions. Ce changement de paradigme permettrait de sortir d’une approche strictement démographique pour s’orienter vers une action plus qualitative et plus efficace.
La Cour des comptes plaide également pour un renforcement de l’exercice coordonné. Les maisons de santé pluriprofessionnelles, largement documentées, montrent un impact réel sur l’installation durable des médecins. Les aides futures devraient donc prioritairement soutenir ces structures et les dynamiques collectives plutôt que les installations isolées dont l’efficacité reste marginale.
Le rapport ouvre aussi la voie à des orientations plus structurelles : diversification des profils étudiants recrutés en médecine pour favoriser l’installation en zones rurales, meilleure reconnaissance de la contribution des médecins étrangers, et accompagnement renforcé des praticiens souhaitant revenir à la médecine générale après une période d’interruption.
Enfin, la Cour des comptes recommande une réorganisation profonde du pilotage des aides à l’échelle départementale. Elle propose la création d’un schéma concerté associant État, Assurance maladie, ARS et collectivités territoriales, doté d’une base de données partagée et décliné en appels à manifestation d’intérêt pour attribuer les aides. Une approche plus stratégique, plus collaborative et mieux outillée pourrait transformer en profondeur l’attractivité médicale des territoires.
Pour les dirigeants en santé, ce rapport constitue un signal fort : la simple accumulation d’aides financières ne suffira plus à répondre à la crise de l’accès aux soins. La clé réside dans une stratégie territoriale articulée, fondée sur des données fiables, centrée sur les besoins réels des populations et structurée autour d’une vision collective de l’offre de soins.
Dans un contexte où les attentes citoyennes n’ont jamais été aussi fortes, cette refonte apparaît comme une étape incontournable pour rétablir l’équité territoriale et renforcer la résilience du système de santé. Les prochains mois, marqués par la réforme de 2026, seront décisifs pour transformer ces recommandations en leviers concrets d’action.
Pour consulter le rapport de la Cour des comptes, cliquez ici >
Rémy Teston

