5 décembre 2025
Quand l’IA rend la médecine plus humaine
Quand l’IA rend la médecine plus humaine
En amont de notre dîner du 8 décembre "Médecine, le futur est déjà là", Thomas Klein, Directeur de la stratégie technologique chez Microsoft et auteur de "l’IA au service de la Santé", nous partage sa vision de l'IA en santé en insistant sur le fait que la formation devait être une priorité.
Vivre au cœur de la tech américaine, c’est souvent avoir l’impression de visiter le futur avec quelques années d’avance. C’est lors de mon premier rendez-vous chez le généraliste que le choc est apparu : on m’a demandé mon accord pour que l’IA participe à la consultation. Et effectivement : pas de clavier qui claque, pas de médecin caché derrière un écran. Juste un smartphone posé sur le bureau, écoutant silencieusement notre échange. L’intelligence artificielle a rédigé le compte-rendu, structuré les symptômes et préparé l’ordonnance en temps réel. Grâce à cette IA « ambiante », le médecin a réduit son temps passé à documenter la consultation. Résultat : il a pu consacrer quinze minutes pleines… à me parler.
Ces outils ne relèvent plus de la science-fiction. Alors qu’un médecin consacre en moyenne un tiers de son temps à des tâches administratives, cette aide devient cruciale. Ironie de la technologie : c’est parfois la machine qui permet de rendre la médecine plus humaine.
Face à cette accélération, on pourrait croire la France condamnée à rester spectatrice. Ce serait une erreur. Notre culture réglementaire, souvent perçue comme un frein, peut devenir un avantage stratégique avec le bon équilibre : dans un monde saturé de doutes, la confiance est la valeur la plus rare. C’est aujourd’hui le critère numéro un de succès d’un projet d’IA en santé. Mais pour transformer cet essai, il reste un dernier kilomètre à parcourir : la pédagogie. La technologie est prête, mais les esprits le sont-ils ?
La priorité absolue doit désormais être la formation. Celle des médecins, qui doivent apprendre à utiliser ces copilotes numériques dès l’université, mais surtout celle des patients. Je crois profondément à la démarche critique : il ne s’agit pas d’accepter ou de refuser par principe, mais de comprendre réellement. L’acceptabilité est la clé de voûte du système. Il faut expliquer, rassurer et démontrer que l’IA ne remplace pas l’humain, mais au contraire qu’elle renforce ce qui fait la richesse du soin : l’attention portée à l’autre.
Thomas Klein
Directeur de la stratégie technologique chez Microsoft et auteur de "l’IA au service de la Santé"

