Edito Rémy Teston : "Leadership au féminin : une chance pour la santé"

Elles sont partout, mais rarement là où se prennent les décisions. Dans les hôpitaux, les cliniques, les laboratoires, les cabinets, les femmes représentent aujourd’hui la majorité des professionnels de santé. Infirmières, aides-soignantes, médecins généralistes ou spécialistes, pharmaciennes, psychologues, sages-femmes, chercheuses… elles sont les piliers du système de soins. Pourtant, cette présence massive ne se traduit pas encore par une représentation équitable dans les sphères de pouvoir, de gouvernance ou de recherche.

Dans les instances dirigeantes hospitalières ou les grandes agences de santé, elles restent minoritaires. Cette disparité ne résulte pas d’un manque de compétence ou de vocation, mais bien de freins structurels : plafond de verre, stéréotypes tenaces, inégalités dans l’accès à la formation continue, et surtout, une organisation du travail pensée historiquement par et pour des hommes.

Et pourtant, dans un système de santé en mutation, le leadership féminin représente une véritable opportunité de transformation. Non pas parce que les femmes seraient naturellement plus bienveillantes ou empathiques (tomber dans ces clichés serait une erreur) mais parce qu’elles apportent des expériences, des priorités et des modèles de gestion différents. Plus horizontaux, plus coopératifs, plus attentifs aux dynamiques de terrain.

Les études le montrent : les équipes mixtes et les dirigeantes femmes ont tendance à valoriser davantage la qualité de vie au travail, la prévention, l’écoute du patient, la coordination interprofessionnelle. Autant d’éléments aujourd’hui cruciaux pour répondre à l’épuisement des soignants, à la désertification médicale ou aux besoins croissants des patients chroniques.

Promouvoir les femmes dans la santé, ce n’est donc pas simplement une question d’égalité, c’est une nécessité stratégique. C’est reconnaître que les défis de demain ne se relèveront pas avec les logiques d’hier. C’est faire émerger de nouveaux modèles de soin, plus résilients, plus humains, plus justes.

Refonder la santé ne pourra se faire sans elles. Mais mieux : cela se fera grâce à elles. À condition, collectivement, de leur donner la place et la parole qu’elles méritent.