Benoit Garibal : "Numérique en santé : le pari pour l’accès aux soins passera par la simplicité"

Novembre 2025 : 6 Français sur 10 se déclarent insatisfaits de l’accès aux soins sur leur territoire. Les raisons sont connues : pas assez de praticiens, des zones en tension, une population vieillissante avec des besoins accrus. Le numérique peut et doit être le levier pour rendre la santé accessible à tous. Avec le Ségur du numérique, c’est le choix qu’ont fait les pouvoirs publics avec les éditeurs engagés à leurs côtés et en grande proximité sur le terrain avec les pros de santé. Les premiers résultats vont dans le bon sens même s’ils sont parfois imperceptibles pour les patients.

Car les professionnels de santé ont très vite mesuré le potentiel des nouvelles technologies pour gagner du temps médical. Ils utilisent de plus en plus le numérique pour traiter les informations patients, pour accéder aux expertises les plus pointues ou pour mieux organiser leur pratique au cabinet comme en mobilité. La télémédecine s’installe dans les pratiques et beaucoup d’entre eux commencent à adopter l’intelligence artificielle. Et je les comprends : entre l’aide à la consultation, le soutien au diagnostic et le gain de temps, les potentialités sont immenses et ouvrent un champ nouveau, celui de la médecine augmentée.

Le développement de la e-santé participe également à l’émergence de la pratique coordonnée. Il suffit désormais d’un bon logiciel de gestion de cabinet pour créer des protocoles ou pour organiser une RCP regroupant tous les acteurs du parcours de soins. La généralisation en cours de l’INS et du DMP accompagne ce mouvement général. Et si beaucoup reste à faire, notamment en termes de formations initiale et continue et d’interopérabilité sémantique, indispensable complément de l’interopérabilité technique, les pratiques évoluent et intègrent désormais le numérique à chaque étape du soin.

L’émergence de cette médecine augmentée pose toutefois une interrogation nouvelle : jusqu’où aller ? Déjà certains praticiens se plaignent de l’abondance d’outils et de la complexité des solutions. D’autres se désintéressent de fonctionnalités qu’ils estiment chronophages. Leur demande, telle que je l’entends au sein de notre communauté médicale, est désormais de simplifier. Il ne s’agit plus seulement de gagner du temps médical mais de se débarrasser de tout ce qui freine, de tout ce qui coince. Comme chacun d’entre nous, les professionnels de santé ont besoin d’un facilitateur de leur quotidien.

Ils veulent que le numérique et l’IA soient pour eux un super assistant de consultation, de recommandation, d’aide au diagnostic et de gestion quotidienne. Et qu’ils deviennent, en quelque sorte, invisibles, pour conserver ce qui fait l’essentiel de leur métier : l’écoute et le prendre soin. Notre défi, celui que partagent tous ceux qui accompagnent les professionnels de santé est clair : à nous de leur offrir un numérique fluide, interopérable, décloisonné pour qu’il soit définitivement un levier de l’accès aux soins.

Benoit Garibal, Directeur général de Cegedim Santé